Le célèbre poème "SI..." de Rudyard Kipling ne serait pas renié par la philosophie stoïcienne. Il parait cependant qu'il serait inspiré d'un proverbe de l'Inde (ou Kipling a passé une partie de sa vie).

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie Et, sans dire un seul mot te remettre à bâtir Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir.

Si tu peux être amant sans être fou d'amour Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre, et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre.

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter les sôts, Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-même d'un mot.

Si tu peux rester digne en étant populaire Si tu peux rester peuple en conseillant les rois Et si tu peux aimer tous tes amis en frères Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi.

Si tu sais méditer, observer et connaître Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître Penser, sans n'être qu'un penseur.

Si tu peux être dur sans jamais être en rage Si tu peux être brave et jamais imprudent, Si tu peux être bon, si tu sais être sage, Sans être moral ni pédant.

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite Et recevoir ces deux menteurs d'un même front. Si tu peux conserver ton courage et ta tête, Quand tous les autres la perdront.

Alors, les rois, les dieux, la chance et la victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis, Et, ce qui vaut mieux que les rois et la gloire, Tu seras un homme, mon fils

Kipling